Richter

Un opéra documentaire de chambre

Baryton, ténor, mezzo-soprano, 2 pianos, percussion, chœur et électroacoustique
Livret : Esteban Buch
Création mondiale : Festival Internacional de teatro de Buenos Aires
Création française : Festival d’Automne à Paris, 2003

Richter, Theatre La Vilette, Festival d’Automne à Paris

En 1948, le physicien autrichien Ronald Richter persuade le général Perón qu’il est capable de maîtriser la fusion nucléaire. Le président argentin, sensible au prestige des savants du Troisième Reich, accueille avec enthousiasme ce projet fantastique : reproduire dans un laboratoire le fonctionnement du soleil. La petite île Huemul, dans un coin paradisiaque de la Patagonie, est transformée en véritable bunker, où vont avoir lieu de mystérieuses expériences. Bientôt, l’Argentine annonce au monde la solution de tous les problèmes énergétiques de l’humanité. Les résultats, cependant, se font attendre, et Richter commence à agir de manière extravagante. Un groupe de scientifiques essaye de prouver que le soi-disant savant est un incapable et un mythomane. Leur chef, le docteur Balseiro, lui rend visite sur son île. Il y trouve un homme à la dérive dans un espace sombre et vide, qui prétend atteindre la température du soleil grâce aux sons produits par une série de haut-parleurs. Richter sera déclaré fou par un psychiatre et son centre de recherche tombera en ruine, mais ses appareils acoustiques seront récupérés par les créateurs du premier laboratoire de musique électronique d’Amérique latine.

Ces faits historiques, tels que les décrivent les sources, constituent la base de la pièce de théâtre musical Richter – un opéra documentaire de chambre. Dans l’œuvre, les expériences acoustiques du « savant » deviennent le thème principal, développé dans le sens d’une parabole sur les relations entre le son et l’énergie, l’art et la science, la musique et la politique. Au centre, cet instrument imaginaire : El sol cantante (le soleil chantant). Ce dispositif est au cœur de l’« expérience acousmatique » qui obsède le protagoniste, tout en symbolisant l’interaction musicale entre les voix, les instruments et les moyens électroniques. Le livret est construit autour de trois personnages. Richter est un baryton, dont l’esprit tourmenté est enrichi par des allusions à certains homonymes célèbres – le chef d’orchestre wagnérien, le pianiste, le sismologue. Son antagoniste est Balseiro, un ténor, scientifique « local » transfiguré par sa mission historique, et héros positif du récit. L’Interprète, une mezzo (rôle chanté et parlé), est alternativement une narratrice et un personnage ambivalent, partagé entre les deux hommes. A ces figures principales s’en ajoutent d’autres, que des membres du chœur, seuls ou en groupe, incarnent de manière fugace. Par exemple, le général Perón est représenté par un trio de voix masculines. Le chœur lui-même agit tantôt comme un groupe abstrait, tantôt comme des personnages collectifs divers – soldats, journalistes, écologistes. L’opéra dure une heure quinze environ, douze scènes sans interruption, allant de l’évocation du silence originaire sur l’île au collapsus du personnage principal, suite à cette énigmatique « expérience » où s’est joué son destin.

Richter, scene Antoine Gindt
Alejandro Meratfel (Richter)
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Richter-Scene 3
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