Sensible au problème de la pollution sonore, Calebasses Labs est une installation tout public, offrant un espace sonore, telle une forêt, à la fois vaste et silencieux, que nous pouvons découvrir grâce à des séances d’écoute de proximité.
Une rumeur foisonnante
A travers une « low-tech » faite principalement de bols de calebasses de l’Amérique du Sud et de transducteurs de basse consommation d’énergie, le projet Calebasses Labs explore un espace sonore de faible intensité et non moins riche pour autant. Composée pour des séances d’écoute de 15 à 25 minutes environ, ce « laboratoire musical » du XXIe siècle déploie une myriade de sons à multiples échelles, créant un espace sonore volumineux et silencieux que l’on peut découvrir et s’émerveiller à travers une écoute de proximité. Une rumeur foisonnante.
Projet « Calebasses Labs » – Maquette
« Un espace sonore volumineux et silencieux »
Projet « Calebasses Labs » avec musiciens – Maquette
Espace sonore volumineux et de faible intensité
Une confusion récurrente veut que le volume et l’intensité sonore soient synonymes. Or, le volume fait référence à l’espace tandis que l’intensité au niveau de l’amplitude du signal. Cette indifférenciation est probablement dû au fait que la propagation des ondes acoustiques est proportionnelle à l’intensité. Plus simplement dit, un son fort occupe plus d’espace que le même son lorsqu’il est faible, car physiquement n’est pas tout à fait le même.
Cela dit, il peut y avoir un espace sonore volumineux et de faible intensité. Imaginons le cas d’une forêt silencieuse. Si l’on y prête attention, ce silence est en réalité rempli d’une multitude de petits sons venant tous azimuts. Le vent, les feuilles, les insectes, les oiseaux, les craquements, etc. Ce « silence naturel », comme le nomme le chercheur Jérôme Sueur, est plein et pourtant pas envahissant, pas agressif. Au contraire, il nous fait du bien
Multiplicité de grains sonores
Avec l’installation Calebasses Labs, Mario Lorenzo explore ce phénomène naturel sans pour autant vouloir le reproduire. En effet, il ne s’agit pas de diffuser des enregistrements de la nature mais d’un véritable travail de composition, d’écriture polyphonique ou plus exactement, multi-échelle. Ainsi, par des techniques de synthèse et et de transformation du son, une myriade de grains à multiples échelles est diffusée à travers les calebasses, créant un espace sonore volumineux et de basse intensité qui procure un étonnement esthétique et une sensation d’apaisement.
Ecoute de proximité
Dans un espace commun, plutôt intime, silencieux, l’installation vise une écoute de proximité. Elle propose par une écriture dans les nuances faibles une diffusion sonore non-invasive. En effet, son niveau sonore étant bas par rapport aux normes, c’est au visiteur-auditeur d’aller « chercher les relations sonores » proposées par le compositeur. Ainsi, la personne pourra suivre la musique dans ses moindres détails, apprécier la diversité dans ses multiples échelles, proches et lointaines, répétées, variées ou uniques.
Une installation « low-tech »
Dans l’installation, la calebasse a la fonction de caisse de résonance. Par contre elle n’est pas associée à des cordes ou des lames en bois comme elle l’est habituellement dans les instruments de l’hémisphère sud. Ainsi, elle amplifie les vibrations des transducteurs piézoélectriques de basse consommation. Ces petits haut-parleurs low-tech en forme de pastilles métalliques dorées sont mis en vibration mécanique par un signal électrique venu des mini amplificateurs très peu énergivores
à travers un fil fin en cuivre. L’écriture musicale est réalisée avec un code alphanumérique dans l’ordinateur qui envoie le signal vers la carte son puis vers les piezo.
Cela étant dit, dans ce « laboratoire » il n’y a nullement la recherche d’un modèle ou un prototype destiné à une production industrielle. Elle ne s’inscrit pas dans la dynamique de progrès et d’innovation qui domine depuis plus d’un siècle les civilisations européennes et nord-américaines. A travers un travail de recherche esthétique, le « low » ici fait signe plutôt à une attitude moins conquérante et plus attentive aux besoins de l’expression humaine.
Exploration au-delà de la fidélité sonore
Depuis les premières inventions cherchant à amplifier le signal électrique dans les Bell Labs jusqu’à nos jours, l’histoire de l’industrie musicale et plus particulièrement de l’enregistrement sonore, a été guidée par la quête du hi-fi : capter et reproduire le monde sonore le plus fidèlement possible à la réalité. Cette installation explore un dépassement du concept de fidélité sonore (et son contraire, le low-fi), à travers la composition du son lui-même (et non de sa reproduction). Ainsi, la composition et sa diffusion étant indissociables, l’installation est ce qu’elle est : une singularité.
Projet « Calebasses Labs » – Premiers essais
Séances d’écoute
L’installation est accessible par séance d’écoute. Elle n’est pas interactive.
Séance sans instruments (15’ environ)
Toujours avec des composantes aléatoires, chaque séance est unique et invite à une écoute attentive aux rencontres sonores. En effet, la composition a une approche dite « multi-échelle ». Cela veut dire qu’il y a un grand nombre de figures sonores à différentes échelles temporelles en interaction, allant du grain sonore de quelques millisecondes jusqu’à la totalité de la composition de 15 minutes environ.
Séance avec instruments (25’ environ)
Il est également prévu que des musiciens viennent jouer ponctuellement autour de l’installation. Pour cela des figures composés préalablement serviront de base pour des séances d’improvisation instrumentale d’une durée 25 minutes environ. Elle peut varier selon le nombre d’instruments joués autour de l’installation.
Séance live coding (40’ environ)
Une séance d’écoute plus longue pourra être programmée ponctuellement avec une performance de code en temps réel.
Composition en cours
Extraits sonores de la composition en cours pour l’installation « Calebasses Labs »
Attention : il s’agit de réductions stéréo reproduite dans votre système de diffusion. De ce point de vue, les extraits ne sont que partiellement représentatifs de l’installation.
Projet « Calebasses Labs » – Maquette
Projet « Calebasses Labs » – Maquette
Version d’essai
Un essai de l’installation dans une version réduite (4,60m x 1,30m) a été fait pour tester sa faisabilité. Les résultats ont été très positif.
Concerts avec l’installation Calebasses Labs
La dimension « Labs » de l’installation envisage aussi une exploration avec des musiciens. Toujours dans un registre d’intensité faible, il s’agit d’intégrer des instruments acoustiques à l’espace sonore de l’installation. Cette expérimentation cherche aussi à essayer d’autres formes de diffusion dans une situation de musique mixte dans laquelle le rayonnement acoustique des instruments interagit avec les sons électro-acoustiques des calebasses.
Autres compositions
Guitare classique et électroacoustique
Installation sonore